Meeting Iran
Bourse du travail de Paris le 15 02 07
Intervention de JF COURBE au nom de la CGT
Bonsoir chers amis et chers camarades et merci à vous tous d’être présents.
Permettez moi au nom de la CGT, tout d’abord, de remercier nos amis de l’Alliance d’avoir pris l’initiative d’organiser cette réunion.
Nous avons répondu favorablement à leur invitation pour deux raisons, la première parce que nous pensons que faire du 15 février une journée de solidarité avec les travailleurs iraniens est une initiative positive qui constituera une aide pour leur combat et la deuxième parce que nous apprécions la conception que l’alliance a de son travail de solidarité.
Certes l’alliance joue le rôle d’intermédiaire, au combien utile, mais un intermédiaire qui facilite les relations avec l’intérieur du pays contrairement à d’autres qui utilisent cette fonction à des fins partisanes. De plus l’alliance souhaite s’effacer quand les relations se font directement alors que d’autres tentent de demeurer incontournables. Nous sommes très sensibles à l’idée que notre solidarité ne soit pas utilisée pour d’autres objectifs, que ceux pour lesquels nous avons décidés d’agir.
Nous espérons voir votre organisation se développer, se renforcer et devenir un outil encore plus efficace pour les intérêts de la population iranienne.
Voilà maintenant, plusieurs années que nous soutenons les luttes pour les libertés syndicales dans ce pays, du soutien des manifestants du premier mai 2004 au soutien à nos camarades de la Vahed. Plusieurs années que nous participons à des rassemblements, que nous signons des pétitions, que nous organisons une solidarité financière, certes tout cela est bien loin d’être suffisant, puisque la situation démocratique est toujours catastrophique, mais nous ne nous décourageons pas, et nous essaierons d’intensifier notre solidarité.
Notre activité solidaire repose sur des objectifs clairs.
Nous ne sommes pas un parti politique et ni même une organisation iranienne qui peut, et qui a même le devoir de proposer un projet pour son pays, nous nous sommes une organisation syndicale française et à ce titre nous défendons certaines valeurs et une certaine conception de la solidarité internationale, à savoir que la défense des intérêts des travailleurs est indissociable des libertés syndicales. Cette conception nous conduit naturellement à faire de la reconnaissance dans tous les pays du monde du droit syndical, du droit des travailleurs à s’organiser librement et à décider eux même de l’organisation qu’ils souhaitent, la priorité de notre solidarité.
Notre organisation et son histoire le prouve n’a jamais séparé son activité nationale et son activité internationale. Pour nous non seulement, il n’y a pas de contradiction mais nous pensons même qu’il y a complémentarité, à condition que cette dimension internationale ne soit pas utilisée à des fins partisanes. Pour mon organisation, il ne se saurait être question ni de s’inscrire dans un soutien à une quelconque fraction ou à un quelconque groupe, ni de participer à la moindre concurrence entre différents réseaux de solidarité.
Pour nous la règle est la non- ingérence d’une manière ou d’une autre dans les questions internes des organisations syndicales.
En revanche que l’on ne nous taxe pas d’ingérence ou d’attitude anti-iranienne, lorsque nous demandons que les dirigeants de ce pays appliquent les traités multilatéraux que l’Iran a ratifié ,comme les pactes internationaux relatifs aux droits civils et celui relatif aux droits économiques et sociaux, je rappelle que ces Pactes consacrent le droit de constitution et d’adhésion à un syndicat, le droit des syndicats à se regrouper en fédération , le droit d’exercer librement leur activité ainsi que le droit de grève .
La légalité internationale et même la légalité iranienne est bien du côté de ceux qui exigent l’application des libertés syndicales.
Plusieurs fois j’ai été interpellé sur le fait que nos différentes actions de solidarité risquaient de mettre en difficultés voir même en danger les militants de l’intérieur. A ce propos je tiens à préciser, d’une part que notre expérience nous conduit à penser que l’appui international peut représenter un soutien voir même une certaine sécurité et d’autre part nous estimons que c’est à ceux qui sont exposés à la répression, à ceux qui risquent d’en payer les conséquences, de décider de nouer ou non ces liens internationaux, car eux seuls sont en capacité d’évaluer les risques qu’ils vont prendre. Dans tous les cas la CGT ne fera rien qui ne soit décider ou approuver par les représentants des syndicats en Iran.
Chers amis nous savons que le chemin vers la démocratie sera encore long, nous connaissons les moyens que le pouvoir peut toujours utiliser pour retarder les échéances qu’il s’agisse de la répression dans les entreprises et dans la vie de tous les jours.
Nous savons également qu’une des armes les plus redoutable des régimes autoritaires est leur capacité à susciter les divisions.
Veillons à tout faire pour préserver l’unité, la CGT quant à elle, à son niveau, y sera très attentive.
Pour terminer, permettez-moi de demander à nos amis iraniens de transmettre nos salutations solidaires et d’assurer les travailleurs iraniens que la CGT sera toujours aux côtés de ceux qui luttent pour la démocratie et les libertés.